Les improbables aventures de Grog le Guerrier et Valor le Sage

Chapitre septième : Le Chemin des cimes


Par Nikos Leterrier


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L'homme regardait fixement la statuette comme s'il s'attendait à la voir s'animer pour répondre à ses questions. Mais la chimère mi-licorne, mi-serpent ne bougeait pas. Elle n'avait même plus cette légère chaleur qui trahissait l'enchantement de Rastaroth. Elle n'avait plus aucun pouvoir.

L'homme savait pourquoi: tous les revenants qu'il avait achetés avaient été détruits. Ce qui le rendait fou de rage et d'angoisse, c'était d'ignorer pourquoi - au nom de Pollux le Créateur - pourquoi les zombis se multipliaient. Ce n'était pas prévu. Ce n'était pas ce qu'il avait demandé. Ce n'était pas censé arriver.

Il lança de toutes ces forces le fétiche contre le mur pour soulager sa colère et sa frustration. La statuette se brisa en trois morceaux qu'il écrasa rageusement du talon de ses bottes ferrées. Si seulement il tenait Rastaroth! Mais il restait introuvable. La Garde avait mis la main sur la plupart des nécromants de la ville. Même le vieux Pétracéphale avait été capturé avant que la foule ne le lapide alors qu'il était en chemin vers le cachot. Mais Rastaroth courait toujours. Même les Archimages, d'ordinaire enfermés dans leur impénétrable silence, avaient pris la parole pour reconnaître leur ignorance en la matière, tant les questions de la foule se faisaient pressantes.

Tout allait bien au début. Mais à présent l'homme avait peur, si peur qu'il ne parvenait pas même plus à se réjouir de l'élimination des nécromants. Il avait l'impression d'avoir mis malgré lui le feu à la forêt et de contempler l'incendie, grotesque et impuissant.

Un coq chanta au loin. Le Soleil allait bientôt se lever, et la ville pourrait reprendre sa respiration. Chaque nuit était devenue un cauchemar pour les citoyens de Tabula Rasa, car les revenants, sortant Pollux savait d'où, envahissaient les rues, les maisons, empoisonnaient les puits, et surtout tuaient, sans relâche et sans répit.

Et leur nombre s'accroissait sans cesse.

Désormais ils étaient assez nombreux pour obliger les Tabula Rasaiens à se barricader chez eux pendant la nuit. Ils seraient bientôt assez nombreux pour assiéger les citoyens dans leur propre ville.

Une puanteur devenue familière se répandait à partir de la Grand' Place: on y brûlait les cadavres de ceux que les zombis avaient tués. C'était comme un rituel d'hommage au Soleil. On y pleurait les morts en implorant les Dieux de libérer Tabula Rasa du fléau.

Parmi ceux qui regardaient le bûcher Grog le guerrier, ses membres contusionnés par les coups donnés et reçus, assis à même le sol, observait la danse turbulente des flammes, entouré par les autres aventuriers qui comme lui avaient passé la nuit à démembrer de la viande froide. Encouragé par les paroles des prêtres, le brasier rugissait comme le dragon de Kar Dal Mae, mais Grog avait oublié l'affaire du voleur de marques de Quod Barh.

Valor le Sage lappait paisiblement un bol de lait que des mains gracieuses et fines lui avaient généreusement offert. N'ayant eu d'yeux que pour le lait, il ne savait pas à qui il devait cette délicate intention. La jeune femme posa sa main sur l'épaule de Grog qui sursauta: c'était Mismaya.

La jeune mariée ne dormait guère ces derniers jours à en juger par l'état de ses yeux. Mais quelle que fût l'ardeur conjugale de son époux, les insomnies de Mismaya étaient liées à l'absence plutôt qu'à la présence de Magrog. Le fameux minotorero avait disparu lorsque la situation avait empiré au point de contraindre la Guilde des Héros à clore ses portes. Les zombis qui apparaissaient n'étaient pas reconnus par le dieu Quod Barh, et les Archimages avaient ordonné aux aventuriers d'oublier leurs cibles habituelles pour se consacrer à l'épuration de la cité. Combattre sans recevoir de Xyps en retour était une révolution culturelle pour nombre de Héros licenciés. Aussi avait-il été nécessaire de suspendre l'activité de la Guilde, afin de soustraire à la tentation les irrécupérables.

-Grog? demanda Mismaya d'une voix presque inaudible, tant elle était faible. Est-ce que tu... N'as-tu pas vu ton frère par hasard cette nuit?

-Euh... N... Non... C'est-à-dire... Non... Je... Il n'est...

La voix cassée de Grog se perdit dans une suite de balbutiements de plus en plus incompréhensibles. Se méprenant sur la signification de son comportement, Mismaya s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur et prit le visage de son beau-frère entre ses mains:

-Tu sais où il est, c'est ça? demanda-t-elle d'un ton suppliant. Il t'a dit de ne rien me dire, c'est ça? Il veut me protéger des mages, des revenants... Il veut se battre loin de moi, je sais! Mais je suis sa femme! Dis-moi au moins s'il est vivant, je t'en supplie!

Grog sentait le souffle de la jeune femme sur son visage et ne parvenait pas à détacher son regard des lèvres sensuelles qui s'agitaient sous ses yeux, prononçant des mots que son cerveau avait bien du mal à décoder, débordé qu'il était par cet afflux soudain de stimuli émotionnels. Ayant nettoyé consciencieusement les parois du bol dans lequel on lui avait servi son lait, Valor intervint:

-Il ne sait rien, Madame.

La belle Mismaya se retourna vers le félin et lui jeta un regard à la fois désespéré et furieux:

-Tu me prends pour un zombi moi aussi, ou quoi? Je sais qu'il me cache quelque chose, ça se voit!

Le chat hésita un moment. Fallait-il lui répondre que c'était vrai, mais que ça n'avait rien à voir avec son époux, hormis un inextinguible sentiment de jalousie? Non, sans doute: c'était si évident pour tout le monde que si Mismaya ne l'avait pas encore remarqué, le lui dire clairement ne servirait certainement à rien. Il chercha rapidement une explication plausible aux yeux d'une écervelée au bord de l'effondrement psychologique, quand Grog se mit soudainement à parler distinctement:

-Val a raison, Mismaya, je ne sais rien... Du moins rien encore!

Le guerrier se releva d'un bond, et - au risque de voir son coeur s'arrêter net - prit la jeune femme par les épaules. Plongeant l'éclair bovin de son regard dans les yeux miroitants de larmes de sa belle-soeur, il lui dit de cette voix inspirée qui annonçait pour Valor le Sage les pires catastrophes:

-Mais je vais partir à sa recherche! Je le retrouverai! Pour... pour toi, mon am... ma soeur!

Il s'était repris au dernier moment mais son interlocutrice ne prêta aucune attention à son lapsus et se jeta dans ses bras, le serrant de toutes ses forces contre elle et le remerciant avec force effusions. Valor le Sage,, quant à lui, se mit à jouer avec sa queue, ce qui était l'équivalent chez lui du fait de noyer ses soucis dans l'alcool.

Quelques heures plus tard, les deux compères franchissaient la porte sud de la ville. Derrière eux les entrepôts des quartiers commerçants étaient en flammes. Un groupe de miliciens s'était emparé d'un jeune homme qui avait commis l'erreur de ressembler un peu trop à Rastaroth. Ils le rouaient de coups tout en chantant une étrange chanson dont le refrain rythmait le bruit des bâtons sur la peau du jeune homme:

-Bats-le! Bats-le! scandaient les miliciens, heureux de servir la cité tout en trouvant un exutoire commode à leur violence interne.

-Le nécromant!

-Le druide!

-La sorcière!

-Le revenant!

-Bats-le! Écrase-le comme un cafard! Bats-le!

Le chant était rudimentaire mais fort bien adapté, et leur victime n'était plus qu'une épave sanguinolente. Il avait renoncé à se relever, pusique chaque fois un coup le projetait à nouveau à terre. Grog hésita puis s'adressa à l'un d'entre eux, qui était manifestement leur chef:

-Mikaël! C'est bien toi, je te reconnais! Tu es Michaël, le fils de Jacques, le barde!

Le jeune chef toisa de haut en bas le guerrier avec mépris sans répondre. Il portait la casaque noire de la Milice Bourgeoise, une sorte de nouvelle Guilde fondée par des volontaires pour prêter main-forte à la garde débordée. Son père, qui se faisait appeler Jacques, était un Elfe et sa mère une Elfe Noire, aussi son teint était-il difficile à cerner, quelque part entre le blanc et le noir...

-Qu'est-ce que vous faites? Vous allez le tuer! s'écria l'aventurier.

-Bats-le! Bats-le! reprirent en rythme les miliciens en dansant autour de leur chef.

-Tu perds ton temps patron, lui souffla Valor le Sage, resté à distance respectueuse. Ils sont encore plus décérébrés que les zombis que tu as découpés cette nuit.

-Bats-le! Bats-leeeeeeeeeeee!

Mais Grog le guerrier ne s'était pas battu toute la nuit contre des revenants pour laisser des gamins danseurs faciliter la tâche des zombis par leur bêtise. S'emparant de sa hache il avança d'un pas, menaçant:

-Mikaël, recule, et dis à tes acolytes d'en faire autant!

L'adolescent haussa les épaules plusieurs fois d'une manière étrangement saccadée et raide, comme s'il était effectivement lui aussi un zombi, et répondit:

-Il est mort de toutes manières.

Grog se retourna vers le corps et Valor le Sage, qui s'était approché de celui-ci, le lui confirma d'un geste de la tête. Lorsqu'il se retourna à nouveau, les jeunes miliciens avaient disparu. Le guerrier jura, décapita le malheureux sosie de Rastaroth, puis jeta la tête dans le feu d'un geste rageur. On ne savait jamais.

-Où te caches-tu Rastaroth? cria l'aventurier à l'instention de l'incendie. Plutôt que de laisser tuer un gosse à ta place, montre-toi!

-Puisque tu en parles, patron, demanda le familier, ne serait-il pas plus utile de chercher ce fichu nécromant plutôt que ton abruti de frère?

-Où chercher? Il peut être n'importe où, répondit Grog en désignant de sa hache les terres tout autour d'eux.

-Et ton frère, alors?

-Pour mon frère, j'ai mon idée.

-Une idée? Comment ça une idée?!

Mais l'aventurier ne répondit rien et prit la direction de l'ouest, en remontant le cours de la Rivière des Aigles.

-Et... Et où allons-nous, là? s'enquit Valor le Sage, en trottinant pour sep lacer à la hauteur de son maître.

-À la Forêt des Songes!

-Hein!? Mais c'est à des lieues, il y en a au moins pour...

-Nous y serons avant la nuit.

Prenant son familier par la peau du cou, Grog le guerrier l'installa tant bien que mal dans sa ceinture malgré ses miaulements de protestation, et se mit à courir d'une foulée souple et régulière, à la manière des anciens courriers impériaux du Tawantinsuyo. Il ne lui manquait plus que la besace rouge.

Valor le Sage s'accorda quelques instants de réflexion sur le puissant aiguillon qu'était l'amour lorsqu'il arrivèrent en effet à l'orée de la Forêt des Songes au crépuscule. Il n'y avait décidément rien de tel pour l'héroïsme: la princesse captive donnait tout son sens au Dragon. Le chat interrompit cette réflexion philosophique pour demander à son maître, tandis que celui-ci le reposait à terre avant de pénétrer dans la forêt:

-Au fait, patron, pourquoi la Forêt des Songes? Penses-tu que ton frère s'y trouve?

-Non, mais le Sylphe s'y trouve.

-Le Sylphe?! s'écria Valor le Sage. Mais le Sylphe est un monstre réisdent, tu ne peux pas...

-Ce n'est pas pour le tuer, répondit calmement Grog, du ton pédagogue et las que son familier utilisait d'ordinaire avec lui. Je veux juste lui demander où se trouve Magrog.

Le chat s'apprêtait à répliquer quand un vague souvenir lui revint en tête. Si pénible que ce fût à admettre, Grog avait raison: le Sylphe pouvait lire les pensées et identifier la position géographique de tout être vivant. C'était ce qui le rendait en général introuvable d'ailleurs. Autant que Valor pût en juger, le guerrier avançait au hasard dans la végétation dense de la Forêt des Songes, sa lanterne à la main, sans suivre aucun chemin particulier. Mais ça n'avait guère d'importance: le Sylphe saurait bientôt qu'ils étaient là, et la raison de leur venue.

La Forêt des Songes était connue pour ses arbres aux proportions gigantesques, à l'ombre desquels même le jour le plus clair devenait une pénombre nocturne. L'aventurier progressait lentement et son familier tenait ses moustaches et ses oreilles aux aguets, car l'endroit était dangereux et le peuple-fée qui l'habitait fort habile en mauvais tours de toutes sortes.

À mesure que la nuit tombait, se levait un léger brouillard, mais Grog et son familier savaient que cette brume n'avait rien de naturel. Des yeux les observaient derrière les écorces des arbres comme ceux des courtisanes derrière les voiles d'un gynécée. Une Dryade dormait au creux de chaque arbre et s'éveillait souvent avec la nuit. Grog prit à nouveau son familier pour traverser un cours d'eau, et il sentit sur ses chevilles la caresse limpide des Naïades.

-Elles pourraient te rompre les jambes... se crut obligé d'ajouter l'insupportable félin.

Des fleurs aux couleurs enseorcelantes les entouraient, des fleurs qui s'ouvraient à la nuit comme au jour, et émettaient parfois leur propre lumière. Certaines étaient sacrées, et ne devaient jamais être cueillies d'une main mortelle, d'autres en revanche...

-Une larme d'Hécate! s'exclama Valor le Sage. Ça vaut une fortune, Grog, cueuille...

Mais le guerrier n'écoutait pas, il avait trouvé ce qu'il cherchait: une échelle de corde qui pendait le long de l'un des interminables troncs qui les entouraient, et semblait conduire jusqu'à la ramure du géant.

-Le Chemin des cimes... murmura Grog.

-Objet légendaire de catégorie C.I., apprécia Valor le Sage d'un air connaisseur. Chapeau, les Farfadets.

-Farfadets? Quels Farfadets? s'inquiéta Grog.

-Ceux qui ont créé cette mise en scène pour te piéger.

Grog fronça les sourcils. Il lui restait encore un peu de son extraordinaire assurance de la journée. Il répliqua d'un ton docte:

-Ce ne sont pas les Farfadets qui tendent des pièges, Val. Plutôt les Korrigans, ou les Lutins...

-C'est la même chose, patron... Farfadets, Lutins, Korrigans, c'est la même vermine féérique si prompte à tendre des pièges en jouant sur tes désirs. Il n'y a pas que le Sylphe qui lise dans les pensées! Te flanquer un objet légendaire de catégorie C.I. au commencement d'une quête c'est... ça devrait être interdit! C'est trop facile avec ta cervelle de perroquet ivre!

Valor le Sage se laissait rarement aller à insulter son maître, mais la brume enchantée s'épaississait peu à peu autour d'eux et un sentiment d'insécurité commençait à faire se dresser tous ses poils, ce qui donnait l'impression qu'il avait doublé de volume.

-Objet légendaire de catégorie C.I.... qu'est-ce que ça veut dire? demanda Grog en testant la solidité de l'échelle de corde.

-Complètement imaginaire! répliqua le félin. Le Chemin des cimes est un canular! Quand bien même les ramures de tous ces arbres seraient enchevêtrées entre elles, elles ne pourraient se rencontrer qu'à la fin des branches, là où elles sont bien trop faibles pour supporter des ponts de corde comme...

Mais Grog avait déjà commencer à grimper. On disait que le Chemin des cimes permettait aux Elfes qui vivaient jadis dans la Forêt des Songes de la parcourir tout entière sans jamais avoir à toucher terre. On disait que celui qui avait la chance de le trouver était un invité du peuple-fée, un protégé de la déesse Gaïtanne, voire même de Pollux, le Castor Céleste. Grog savait que le Sylphe l'attendait quelque part là-haut. Il grimpait avec un sentiment d'allégresse. Il retoruverait son frère, et le rendrait à Mismaya, et... et peut-être qu'elle l'en aimerait un peu lui aussi, peut-être que...

-Je pensais que le fait que les poissons vivent dans des endroits pleins d'eau était la plus grande injustice de l'Univers, mais je vois que tu es décidé à battre ce record, patron! grognait Valor le Sage tout en le suivant malgré lui, grimpant à la force de ses griffes sur le tronc noueux du Géant.

À mesure qu'ils grimpaient vers la cime de l'arbre, ils se sentaient pénétrer dans un autre monde. Des odeurs inconnues venaient faire frémir les moustaches de Valor le Sage, et des couleurs que Grog ne pouvait nommer apparaissaient sur les fleurs portées par les branches ou les ailes des papillons qui disparaissaient furtivement à leur approche. L'arbre était si grand qu'on eût pu construire des palais de bois entre ses branches, comme ceux dont parlaient les ballades des bardes elfes.

Alors que le sol n'était déjà plus qu'un gouffre obscur, la cime était encore loin. Ils eurent l'impression vertigineuse que le monde se réduisait à ce tronc infini qui semblait aller jusqu'à la Lune dont la lumière se devinait au loin entre les innombrables feuilles qui les entouraient. Combien d'heures dura cette ascension? Grog le Guerrier et Valor le Sage n'en eurent une idée qu'une fois arrivés à la cime, en sentant leur membres endoloris tout en contemplant l'extraordinaire spectacle que le géant enfin vaincu leur offrait.

Les cimes de la Forêt des Songes s'étendaient à perte de vue, comme les vagues d'une mer silencieuse et immobile, tremblant à peine sous la caresse du vent. La Lune était plus brillante à cette hauteur, comme dans les montagnes de Ker Dal Mae.

-Regarde, Val! Un pont de cordes qui va à l'autre arbre, triompha Grog. Je te l'avais bien dit!

Un fier représentant de la race féline comme Valor le Sage se fût laissé mourir de faim plutôt que de reconnaître ses torts, mais il dut reconnaître malgré lui que son patron disait vrai: de la cime où ils se trouvaient partait un étrange chemin fait de cordes et de planches de bois qui suivait le dessin de la ramure pour rejoindre la cime d'un arbre voisin. Se pouvait-il que le chemin des cimes fût une réalité? L'incrédulité fit place dans l'esprit du familier à une joie motivée par le lucre: en ce cas c'était une découverte qui pouvait se vendre fort cher à la Guilde des Héros.

-Vous m'aviez dit qu'ils ne se reproduiraient pas! TU me l'avais dit!

Grog et Valor se regardèrent: aucun d'entre eux n'avait parlé. La voix semblait venir... d'un arbre voisin.

-Je sais bien, Faf! répondit une autre voix. Je n'y suis pour rien, c'est Rastaroth... Il s'est foutu de nous!

-Mais c'est la voix de... commença Grog.

-Chut! lui intima le familier, qui se concentrait pour repérer leur position à l'oreille.

C'étaient en effet les voix de Faf, le flamboyant capitaine de la Garde et Magrog, le glorieux minotorero! Que faisaient ces deux héros ici, si loin des lieux où ils étaient aimés et vénérés?

-Tu voulais disparaître, hein? dit Faf. Me laisser avec cette saloperie! Tu t'attendais pas à ce que je te retrouve, hein? Mais la Garde finit TOUJOURS par retrouver les criminels.

-Non, je te jure! répondit Magrog. Je... Je cherchais Rastaroth! Je pensais qu'il arrêterait tout ça au début... Mais il a disparu! Je voulais demander au Sylphe de m'aider à le retrouver!

Contre toute vraisemblance ils sont bien frères, se dit Valor le Sage.