Le Cantique du Castor


Au commencement coulait Mœbius, le Fleuve Cosmique.

Il n'avait ni début ni fin
Ni amont, ni aval
Et ses eaux charriaient le Noir Opaque
Dont naquirent les couleurs du Monde.

En vérité Mœbius était le Chaos
Il était la Vie qui précédait le Verbe
La matière qui précédait la forme
L'existence qui précédait l'essence.


Alors vint Pollux le Castor Céleste
Solitaire fils du Temps
Il y eu une Cause et un Effet
Et l'Univers connut son âge


De Ses dents - qu'elles soient toujours aiguisées! -
Il rompit les Premiers Rameaux
De Ses pattes - qu'elles soient toujours palmées! -
Il bâtit le Premier Barrage


Alors les eaux tumultueuses de Mœbius furent domptées!
Bénie soit Sa queue plate!
Alors la matière prit forme
Béni soit Son poil lisse et huilé!
Alors l'existence prit sens
Bénie soit Sa truffe humide!
Alors le Verbe façonna la Vie
Bénies soient Ses oreilles rondes!


Architecte Suprême oublié des mortels
Il est l'Origine et le Premier des Dieux
De la torpeur de Son hibernation sacrée
Il écoute et ressent les soubressauts du monde


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