LE PENDU DE BABYLONE


Le soleil est haut dans le désert,
Blanc de sable et de poussière.


Devant moi s'ouvre un gouffre de sel
Qui respire la mort lente;
La mer, têtue et persévérante,
Répond sans cesse à l'appel
Du sable, poussière de soleil
Coquillagée, éclatante,
Qui attire sa fidèle amante
D'une caresse vermeille.
Cette cité d'un peuple prodigue
Disperse toujours en longs vols clairs
Des nuées d'insectes éphémères.
Elle tend ses blondes digues
Jusqu'à mes yeux, y déverse une eau
Mêlée de sel, de chaleur
Aux pieds glacés, d'une puanteur
Qui rampe le long de ma peau.
L'image se trouble et devient floue.
Comme un frelon ahuri
Le paysage tremble et frémit.
Et ruisselle sur mes joues
Une froidure douce et légère,
Dernier don de mes entrailles.
Mon dos s'effrite sur la muraille.
Les anneaux d'une vipère
De chanvre couvert de sang écorchent
Mes chevilles, mes poignets.
Mes cheveux affleurent le gravier.
Mes yeux ne sont plus que torches.


Ils m'ont dit que j'étais un danger.
Ils m'ont pendu par les pieds.


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