MÉDUSE


Mes cheveux deviendront-ils des serpents?
Ma peau se couvrira-t-elle d'une écorce amère?

Mes yeux, mes longs yeux d'amande triste
Mes yeux noyés d'eau salée
Dont le bleu se voulait si doux
Seront-ils si durs que tout me deviendra égal?
Que tous me sembleront de pierre indifférente?

Méduse, ma soeur, j'ai enfin compris le sens de ton histoire.
Méduse, Aphrodite m'a maudit comme il t'a maudite.

Mes mains autrefois fines et caressantes se sont ornées de griffes.
Des griffes pour laisser sur mon visage changé des marques de haine.
Pour prouver qu'en regard de cette douleur intérieure
Je ne saurai me blesser autant, aussi loin que j'enfonce la lame.

Mon pauvre sang
Tu courais sans repos pour me faire vivre.
Tu n'as pas mérité de durcir au soleil.


précédent , sommaire , suivant